Le Second Empire (1852-1870) marque le crépuscule de l'armurerie française, qui domine la conception des armes à feu européennes depuis l'époque de Louis XIV. Les armuriers parisiens ont toujours fait appel aux meilleurs designers, orfèvres, sculpteurs et graveurs contemporains pour transformer des armes de chasse et de tir fonctionnelles en œuvres d'art.
Ce fusil de chasse superbement décoré reflète la prédilection de l'époque pour les renaissances historiques, en l'occurrence le style de Louis XV. La combinaison harmonieuse du vocabulaire ornemental rococo et de la coloration bleu et or, qui ensemble évoquent le goût du XVIIIe siècle, est particulièrement remarquable.
Exposé par Jules Auguste César Brun à l'Exposition Universelle de 1867, le fusil est en fait une œuvre collaborative de plusieurs des plus grands artistes et artisans de l'époque : les canons torsadés en damas sont de Léopold Bernard ; la conception générale et les montures en acier finement ciselé sont des orfèvres François-Auguste et François-Joseph-Louis Fannière ; et les délicates gravures des barillets et des montures, incrustées d'or bicolore, sont du graveur Tissot.